L’important n’est pas la destination, c’est le voyage.
Prévu en 2020, reporté en 2021, c’est mon premier voyage itinérant en tant que monitrice responsable. Un beau défi à relever, conjuguant organisation générale et préparation physique individuelle.
Après des mois d’incertitude et de multiples rebondissements dus à la pandémie, c’est presque début mars 2021 que le voyage prend enfin corps. Les étapes et les hébergements ont été définies dès 2019 et le travail est bien avancé mais je ne mesure pas l’ampleur de ce qui reste à faire. C’est donc petit à petit que tout se cale : location de véhicule d’assistance, choix des lieux de pique-nique, repérage des magasins d’alimentation sur le trajet afin d’éviter de longs détours, organisation des trajets aller et retour…
Le départ a lieu depuis Sainte-Montaine en Sologne. Départ déporté privilégiant un circuit sur une semaine, ce qui correspondait au début du projet à la demande d’un maximum de participants. Avec le décalage d’une année, le groupe se trouve fortement réduit : blessures, manque de préparation, indisponibilité… Une dizaine de personne se désiste et c’est un noyau de 14 (12 femmes, 1 pilote de tandem et 1 accompagnateur) qui, très motivé, se retrouve au départ de cette aventure.
Un groupe de 9 choisit de partir en vélo avec deux étapes supplémentaires, les 5 autres ralliant le lieu de départ en voiture.
Nous arrivons ensemble à Sainte-Montaine, samedi en fin d’après-midi et notre baptême de départ est un plongeon dans la piscine, particulièrement apprécié par une température presque caniculaire.
La soirée se poursuit agréablement avec un apéritif en musique, un repas en terrasse et quelques danses pour les plus courageux. Le lendemain matin, tout le monde est cependant prêt à l’heure : il est temps d’attaquer les choses sérieuses !
Soleil et chaleur sont au programme. Des grandes lignes droites, un revêtement granuleux, des forêts et des étangs nous emmènent jusqu’à Mehun-sur-Yèvre. Nous passons la porte fortifiée avant d’arriver sur la place du château.
Nous faisons les courses pour le pique-nique du midi et poursuivons notre route jusqu’à Saint Florent sur Cher, 65 km plus tard. Nous estomacs grognent et sont ravis de la pause repas : salades de pâtes, tomates, fromage et fruits sont appréciés. La pause au pied du château, en bord de Cher est très agréable.
Jean-Pierre, le mari de Dominique, a roulé avec nous le matin. Il reprend la route en sens inverse pour rejoindre sa voiture et rentrer à Cergy. Nous délaissons l’ombre des arbres pour reprendre le soleil sur des routes bien dégagées. Une nouvelle pause à Chezal Benoît nous réserve une surprise. Alors que nous sommes assommées par la chaleur et que nous souffrons d’échauffement aux pieds, une vieille dame nous propose la visite de l’abbaye. Raymonde, 89 ans, a adopté ce village et son histoire. Passionnée et pleine de vie, elle est heureuse de partager son savoir, de revivre tout le travail de nettoyage et de rénovation. Des années de labeur et d’histoire sont retracées, la visite est complète : abbaye, cave, lavoir, source.
Raymonde est vive et pleine d’humour, les voûtes de l’abbaye d’une fraîcheur revigorante. Une heure plus tard, c’est avec de nouvelles forces que nous reprenons la route pour arriver au « Pôle du cheval et âne », un endroit inattendu, immense, en pleine nature. Des chalets tout confort nous accueillent et la piscine, froide et limpide, nous invite à la paresse. Le repas en terrasse au soleil couchant conclut cette première journée!
Lundi 6 : Lignières/Guéret 92km, 1230D+
Dès le départ, la température présage une journée chaude, très chaude. Quelques haltes :
Puis la pause repas à l’ombre des arbres de Genouillac est la bienvenue
Puis la pause repas à l’ombre des arbres de Genouillac est la bienvenue
La chaleur et la fatigue nous incitent à rejoindre Guéret au plus court et c’est en deux groupes, par des itinéraires légèrement différents, que nous rejoignons l’hôtel.
Mardi 7 : Guéret/Limoges 89km, 1145D+
Une erreur de lecture de GPS dès le départ nous vaut un petit 500m de remontée, histoire de s’échauffer doucement. Nous profitons cependant de la relative fraîcheur de la matinée pour atteindre Bénévent-l’abbaye, sur le chemin de Compostelle, comme en témoigne la coquille pavée.
Une courte halte à Châtelus-le-Marcheix pour admirer le lavoir
Puis la pause repas à l’étang de Jonas peu avant Ambazac, un havre de paix et de fraîcheur. Nous ne résistons pas à l’appel de la fraîcheur de ses eaux. Pique-nique et baignade, de vraies vacances !
Hélas, ce répit à une fin et le trajet jusqu’à Limoges dans la fournaise est une véritable épreuve. Nous recherchons la moindre ombre. Brigitte, qui roule depuis le début sur le petit plateau, doit faire changer le câble qui passe à l’intérieur du cadre.
Un vélociste sans état d’âme refuse de faire la réparation. Jean-Pierre contacte le cyclo-club de Limoges qui, faute de pouvoir déléguer son propre mécanicien en vacances, nous oriente sur un vélociste digne de ce nom. Réparation effectuée, Brigitte continuera le périple dans de meilleures conditions.
Mercredi 8 : Limoges/Brive 100km, 1248D+
Le programme s’enrichit, distance et dénivelé s’accordent dans la difficulté. Les paysages varient et nous offrent de beaux panoramas. Les villages traversés sont l’occasion de pauses qui nous enchantent.
Coussac Bonneval, son château, sa lanterne des morts qui protège l’âme des morts des mauvais esprits par sa lumière toujours ravivée et ses vélos.
Ségur le Château qui, comme son nom l’indique, est un « lieu sûr » qu’avaient choisi les vicomtes de Limoges pour y établir leur château fort
Arnac-Pompadour, petite ville célèbre par son château, cadeau de Louis XV à sa favorite Jeanne Le Normant d’Etiolles, Pompadour l’est également par son Haras National et sa Jumenterie unique en France. Nous pique-niquons près de l’étang.
Le plus gros de l’étape ayant été fait le matin, la fin passe sans problème, avec la surprise de croiser le groupe de Chartres.
Jeudi 9 : Brive/Cahors 114km, 1400D+
C’est l’étape la plus longue avec le plus de dénivelé positif.
C’est l’étape que tout le monde appréhende.
C’est l’étape qui passe en douceur !
La fournaise s’est apaisée, les routes plus fréquentées ont l’avantage d’un revêtement lisse et de qualité, les pentes sont douces et les descentes un vrai régal, dans lesquelles on peut tout lâcher !
La visite de Sarlat est rapide, il est difficile de se faufiler, vélo à la main, parmi la foule dense. La roue libre du vélo de Viviane donne des signes de faiblesse et coup de chance, peut être changée à Sarlat en moins d’une demi-heure. Une autre adresse de vélociste à retenir !
Nous poursuivons notre route, un peu chaotique puisque coupée par des arbres tombés sur notre itinéraire. Heureusement nous passons sans difficulté et arrivons sur le lieu du pique-nique
A peine le repas dégusté, un orage éclate et nous nous tassons sous l’abri pour échapper au déluge avant de repartir et de se faire mouiller par une seconde ondée puis une troisième !
Une terrasse de café abritée nous sauve d’une douche intense et nous apprécions une arrivée sans être allées au bout de nous-mêmes.
Il est assez tard et nous avons juste le temps de nous préparer avant le repas dans un restaurant à deux pas de l’hôtel. En voulant confirmer notre heure d’arrivée, j’ai la désagréable surprise de m’entendre dire que le repas a été annulé, la restauratrice ayant confondu l’annulation d’un convive avec une annulation complète !!!
Heureusement, la panique qui m’envahit ne dure que peu de temps, le directeur de l’hôtel me proposant rapidement une autre solution. Nous allons donc dîner « Chez Lisa » où nous sommes accueillis à bras ouverts. Le repas est excellent, l’ambiance est décontractée et j’oublie rapidement le moment précédent.
Vendredi 10 : Cahors/Montauban 106km, 735D+
Voilà, maintenant c’est sûr, nous irons au bout de notre challenge. Les difficultés sont derrière nous, nous sommes sereines.
La journée débute par un circuit découverte de Cahors, son célèbre pont Valentré, ses rues étroites et ses maisons à colombage.
Nous filons ensuite vers Moissac, abbaye et pont canal, une autre halte sur le chemin de Compostelle.
Et déjà Montauban, ville rose, se profile à l’horizon.
Samedi 11 : Montauban/Toulouse 76km, 135D+
Que de sentiments se bousculent lorsque nous entamons cette dernière étape : euphorie, tristesse, fierté… tout se mélange pour un cocktail de feu. Nous avons hâte d’arriver, hâte de rejoindre ce grand rassemblement de féminines venues de toute la France.
Nous faisons cependant un petit détour par la pente d’eau de Montech. Cet ouvrage, première mondiale, permettait d’éviter le passage des 5 écluses successives et faisait gagner près de 45 min aux bateaux qui l’empruntaient. La machine de la Pente d’eau de Montech est une réalisation technique remarquable mise en service en 1974 et fermée à la navigation depuis 2009.
Nous gagnons ensuite Toulouse, terme de notre voyage itinérant, par une voie entièrement dédiée aux vélos, la voie verte du canal des deux mers, reliant l’océan à la méditerranée, une voie ombragée et bucolique.
Le repas de midi est prévu dans un restaurant convivial « Le vélo sentimental ». Il est installé dans la Maison du Vélo, une association qui propose de nombreuses initiatives et services aux usagers cyclistes (réparer, entretenir, louer, devenir cycliste…). Un repas simple et délicieux, un accueil sans faille : nous y passons un très agréable moment.
L’après-midi est consacré à une cyclo-découverte de Toulouse.
Dimanche 12 : le grand rassemblement
Si au cours de notre passage dans les rues et sites de Toulouse, nous avons croisé des groupes venant de divers horizons, nous ne prenons pas encore l’ampleur du grand nombre de cyclistes présent pour cet évènement. Le défilé devant rassembler plusieurs centaines de cyclotes a été annulé et c’est uniquement avec les autres CODEP de l’Ile de France que nous retrouvons, ce matin, place de l’Europe.
Après une visite au jardin japonais, nous nous dirigeons vers la prairie des filtres pour le grand rassemblement tant attendu. Musique, rires, danses, retrouvailles sont au rendez-vous.
Notre périple est achevé, il faut penser au retour. Nous regagnons notre véhicule d’assistance pour y arrimer tandem et VAE, charger les vélos démontés dans leur housse ainsi que les bagages. J’avais contacté la mairie de Toulouse pour réserver une place de stationnement près de l’hôtel pouvant garer ce camion haut et long. Nous ne pouvions rêver mieux : au pied de l’hôtel avec un espace suffisamment large et sécurisé pour y entasser tout notre matériel avant de l’agencer pour le chargement.
Environ une heure et demi plus tard, le camion est fin prêt et prend le départ pour le retour.
Notre train est en fin d’après-midi, un dernier verre et nous gagnons la gare toute proche.
Les taxis sont à l’heure à Paris Montparnasse et chacun peut regagner son domicile. Sylvie et Brigitte qui rentrent avec le véhicule arrivent presque en même temps que nous et nous en profitons pour décharger le camion dans la foulée. Tout est stocké dans mon garage et chacun peut venir récupérer tranquillement ses affaires le lendemain.
C’est le premier voyage itinérant que je mets en place et je suis particulièrement fière d’avoir réussi ce beau challenge. La chute spectaculaire et heureusement sans gravité d’Annick dans l’étape de Montauban aura été le pire et unique moment, nous rappelant que la vigilance à vélo doit être constante.
Je remercie le CODEP 95 de m’avoir épaulée pendant la préparation, ainsi que tous les participants pour la confiance qu’ils m’ont témoigné en participant à ce périple.
Je les remercie pour leur bonne humeur, leur enthousiasme et leur solidarité.
Je remercie plus particulièrement Sylvie, notre chef intendante, qui a pris soin de nous sur le trajet, toujours prête à nous rendre service et à combler nos petits désirs de gourmandes.